Keir Starmer, le chef des travaillistes britanniques, esquisse sa politique européenne

Preuve que la campagne pour les prochaines élections générales britanniques a vraiment commencé, Keir Starmer, le chef de file des travaillistes, le premier parti d’opposition au Royaume-Uni, se lance sur la scène internationale, qu’il avait jusqu’à présent soigneusement évitée.

Il était à La Haye, le 14 septembre, pour discuter avec des représentants de l’agence anticriminalité Europol. Il s’est ensuite envolé pour Montréal (Canada) où il participait le week-end dernier à une conférence de dirigeants sociaux-démocrates lors de laquelle il a croisé la Finlandaise Sanna Marin ou Barack Obama et rencontré en tête-à-tête le premier ministre canadien, Justin Trudeau. Cet ex-procureur général pour l’Angleterre et le Pays de Galles de 61 ans devait être à Paris, mardi 19 septembre, pour un entretien avec Emmanuel Macron.

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Méthodique et prudent, Keir Starmer qui, depuis qu’il a pris les rênes du Labour en avril 2020, a réussi à neutraliser la gauche du parti et bénéficie d’une avance d’au moins 15 points dans les sondages, ose aussi aborder des sujets jugés jusqu’alors trop risqués par ses stratèges, car trop clivants dans l’opinion publique britannique : la migration et les relations avec l’Union européenne. Depuis Montréal, il a promis que si son parti gagnait les élections (qui auront lieu probablement à l’automne 2024), il engagerait une « vaste renégociation » de l’accord commercial post-Brexit signé, fin 2020, entre Boris Johnson et les représentants de l’Union européenne (UE).

Pas de réintégration dans le marché unique

Dans une interview au Financial Times, Keir Starmer insiste : « Cet accord négocié par M. Johnson n’est pas bon, il est bien trop étroit. (…) Nous devons faire en sorte qu’il fonctionne mieux, je parle en tant que père d’un garçon de 15 ans et d’une petite fille de 12 ans, je ne veux pas qu’ils soient confrontés à un avenir pire que le nôtre. » L’impact économique du Brexit est difficile à quantifier, mais il est désormais acquis qu’il a compliqué les échanges de biens et services avec l’UE en raison des procédures douanières mises en place.

Son plan reste vague : le député a déjà évoqué un possible accord vétérinaire pour supprimer les laborieux contrôles sanitaires et phytosanitaires aux frontières, ainsi qu’une reconnaissance mutuelle de qualifications professionnelles avec le continent. Mais M. Starmer a exclu de négocier la réintégration du Royaume-Uni dans le marché unique. La question est surtout de savoir si les Européens, après les élections européennes de 2024, auront l’énergie et la volonté politique d’accorder à Londres davantage que la révision technique du traité, d’ores et déjà prévue pour 2025.

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