« La reprise spectaculaire de l’économie américaine et les pénuries d’emplois ont réveillé les ardeurs revendicatives de travailleurs »

Les acteurs lèvent le poing, mais ce n’est pas du cinéma. Après cent dix-huit jours de grève, les comédiens d’Hollywood ont gagné la bataille. Ils ont obtenu l’accord qu’ils recherchaient avec les grands studios du pays, Disney, Warner, Netflix, Universal. Les PDG en personne des quatre majors sont venus s’asseoir à la table des négociations. Ils ont finalement concédé, mercredi 8 novembre, une augmentation, qui se situera entre 7 et 8 % (le chiffre officiel n’a pas été communiqué), une rétribution en cas d’usage de leur personnage par une intelligence artificielle et enfin des primes pour les films et séries à succès sur les chaînes de streaming comme Netflix.

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Les studios étaient pressés d’en finir avec ce mouvement très largement suivi, qui a déjà compromis les sorties de films à Noël et menaçait la saison estivale 2024. D’autant que cette grève des acteurs suivait celle des scénaristes, qui avaient posé le crayon cet été et ont trouvé un accord fin septembre. « La persévérance paie ! », s’est exclamée sur Instagram l’actrice oscarisée Jamie Lee Curtis. Elle aurait pu dire « la grève paie ! », tant les conflits sociaux se multiplient dans le pays.

Avec une efficacité jamais vue depuis des décennies. Ce même 8 novembre, les employés des hôtels, casinos et restaurants Caesar de Las Vegas ont arraché un accord quelques jours avant le démarrage de la grève votée par leur syndicat. Sans parler du conflit massif qui a secoué l’industrie automobile en septembre et octobre, et qui s’est soldé le 30 octobre par un accord très avantageux pour les travailleurs de Ford, General Motors et Stellantis (Chrysler).

Santé florissante des grandes entreprises

Ils avaient tous été précédés par les syndicats des 340 000 chauffeurs livreurs UPS, qui ont trouvé un accord avec la direction le 25 juillet, une semaine avant le démarrage d’une grève qui promettait de semer un chaos logistique dans tout le pays. La reprise spectaculaire de l’économie américaine et les pénuries d’emplois ont soudain réveillé les ardeurs revendicatives de travailleurs peu gâtés ces dernières décennies.

D’autant que la santé florissante des grandes entreprises américaines a constitué un argument de poids dans les négociations pluriannuelles, qui ont démarré cette année. UPS a par exemple vu ses profits multipliés par trois en 2021 et 2022, comparativement aux niveaux d’avant la pandémie. Plus de 8 milliards de dollars (7,5 milliards d’euros) ont été rendus aux actionnaires. Pas étonnant que les salariés revendiquent leur part. D’autant qu’ils sont encouragés à le faire par le président Joe Biden, venu en personne soutenir les ouvriers de l’automobile à Detroit. Toutes les planètes sont alignées dans un moment rare, qui ne se représentera pas de sitôt.