Devant le baldaquin sculpté par Le Bernin, au centre de la basilique Saint-Pierre de Rome, une étendue de calottes rouges pour les cardinaux et mauves pour les évêques s’étire à perte de vue. L’édifice le plus important du catholicisme est plein ce vendredi 27 octobre au soir. Prélats, membres de la curie et du corps diplomatique près le Saint-Siège ainsi que nombre de fidèles ont fait le déplacement pour prier pour la paix en « terre sainte », alors qu’au même moment, les bombardements israéliens s’intensifiaient dans le nord de Gaza. L’attaque terroriste du 7 octobre perpétrée par le Hamas et la guerre qui a suivi sont venues percuter un agenda romain chargé avec l’assemblée plénière du « synode sur la synodalité », ce grand rassemblement qui doit réfléchir à l’avenir de l’Eglise catholique.
L’air grave, le pape, assis en blanc sous la statue de François de Paule, qui n’a cessé de multiplier les appels à la paix, a qualifié le moment – sans jamais mentionner le conflit en cours au Proche-Orient – d’« heure sombre ».
La famille humaine « a perdu le chemin de la paix »
« Maintenant, Mère, prends une fois de plus l’initiative pour nous, en ces temps déchirés par les conflits et dévastés par les armes », a appelé le prélat dans sa prière en implorant la Vierge. La famille humaine « a perdu le chemin de la paix, a-t-il poursuivi. Secoue l’âme de ceux qui sont pris au piège de la haine, convertis ceux qui nourrissent et attisent les conflits. Sèche les larmes des enfants, assiste ceux qui sont seuls et âgés, soutiens les blessés et les malades. »
La veille, le pontife argentin s’était entretenu au téléphone avec le président turc, Recep Tayip Erdogan, au sujet du conflit israélo-palestinien. Lors de cet entretien effectué à la demande d’Ankara, François a exprimé son espoir « que l’établissement de deux États définis et d’un statut spécial pour la ville de Jérusalem puisse être réalisé ». Le pape a ainsi rappelé la position qui est la sienne depuis le début de son pontificat, à savoir la nécessité, selon lui, de faire coexister les deux Etats.
Vendredi matin, c’était le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, qui exprimait devant des journalistes cette même vision. Pour lui, il s’agit de « la seule solution viable qui puisse assurer un avenir de paix et de proximité sereine, à travers un dialogue direct entre les deux parties ». Puis, il a ajouté : « Nous pensons aux enfants qui ont été kidnappés par le Hamas, mais aussi aux nombreux enfants qui meurent sous les bombes à Gaza. L’appel est surtout pour eux, pour prendre en compte leur innocence, leur avenir. » Le secrétaire d’Etat, équivalent d’un premier ministre, a aussi rappelé « l’appel pour la libération des otages » et la sortie de « la crise humanitaire à Gaza », « deux axes sur lesquels se concentre l’action du Saint-Siège ».
Il vous reste 40% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.